La charte des AMAP

Ci-dessous, retrouvez le texte de la charte des AMAP, rédigée en mars 2014.

Lancé en juin 2012, le chantier participatif de réécriture de la charte des AMAP a permis de redéfinir les enjeux, valeurs, principes et règles et à faire de l’AMAP une alternative concrète pour soutenir une agriculture vivante sur les territoires. Plusieurs centaines d’AMAP, paysans et amapiens, y ont contribué. Le texte a été adopté à l’unanimité par l’assemblée générale du MIRAMAP, le samedi 15 Mars 2014 à Ribécourt en Picardie.

PRÉAMBULE

Les AMAP*, ou Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne, sont nées, en 2001 en France, d’une prise de conscience citoyenne face à la situation de crise importante dans les domaines de l’agriculture et de l’alimentation.

Insécurité et gaspillage alimentaires, impératifs écologiques, déperdition des agricultures paysannes au profit d’agricultures productivistes, forte pression foncière sur les terres agricoles, hégémonie de la grande distribution et inégalité alimentaire ici et ailleurs : autant d’enjeux qui ont mobilisé des citoyen-ne-s pour construire et expérimenter un autre modèle agricole, économique et alimentaire, inspiré de la charte de l’Agriculture Paysanne et des mouvements de l’agriculture biologique.

Résolument basées sur une conception de partage, les AMAP visent à une transformation sociale et écologique de l’agriculture et de notre rapport à l’alimentation en générant de nouvelles solidarités. Elles sont des alternatives concrètes qui émergent de la société civile.

Elles ont pour objectifs :

  • de maintenir et de développer une agriculture locale, économiquement viable, socialement équitable et écologiquement soutenable, à faible impact environnemental, créatrice d’activité économique et d’emploi, de lien social et de dynamique territoriale,
  •  de promouvoir un rapport responsable et citoyen à l’alimentation,
  • de faire vivre une économie sociale et solidaire, équitable et de proximité,
  • de contribuer à une souveraineté alimentaire favorisant celle des paysan-ne-s 

Concernant les terminologies :

• est appelé « AMAP », le collectif formé de l’ensemble des amapien-ne-s et paysan-ne-s engagé-e-s dans un partenariat solidaire, local, contractualisé, sans intermédiaire commercial, avec un esprit de pérennité.

• est appelé « amapien-ne », une personne physique bénévole signataire d’un ou plusieurs contrats d’AMAP en cours de validité avec un ou des paysan-ne-s. Le groupe d’amapien- ne-s, dans une démarche non lucrative, se constitue en association (déclarée ou pas).

• est appelé « paysan-ne en AMAP », un-e paysan-ne signataire de plusieurs contrats d’AMAP en cours de validité avec des amapien-ne-s.

Au sein d’une AMAP, amapien-ne-s et paysan-ne-s construisent ensemble un autre rapport à l’agriculture et à l’alimentation ; en ce sens ils sont coproducteurs.
Ils s’engagent mutuellement à respecter les principes de la charte des AMAP.

La présente charte est le document fondateur et fédérateur de toutes les AMAP en France. Elle remplace la première charte élaborée en mai 2003. Elle n’a pas pour objet de servir de règlement intérieur aux AMAP. Il incombe à chacune d’entre elles de définir de façon autonome son mode de fonctionnement, dans le respect des principes de cette charte.

*« AMAP » est un terme déposé à l’INPI

AMAPIEN-NE-S ET PAYSAN-NE-S EN AMAP RESPECTENT ET FONT VIVRE CINQ PRINCIPES FONDAMENTAUX

PRINCIPE 1

UNE DÉMARCHE D’AGRICULTURE PAYSANNE

Une AMAP inscrit sa démarche de coproduction dans le respect des principes de l’agriculture paysanne locale. En particulier, elle :

  • soutient le maintien, la pérennisation et l’installation,
  • favorise l’autonomie dans le fonctionnement des fermes,
  • s’inscrit dans une dynamique de territoire et de solidarité,
  • accompagne la viabilité économique des fermes partenaires,
  • est attentive aux conditions sociales de l’activité agricole.

PRINCIPE 2

UNE PRATIQUE AGRO-ÉCOLOGIQUE

Une AMAP soutient une agriculture respectueuse des hommes, de l’environnement et de l’animal, en référence aux fondamentaux de l’agriculture biologique.
En particulier, elle s’engage dans une activité agricole :

  • durable, diversifiée et adaptée au territoire, en rupture avec l’agro-chimie (sans engrais ni pesticides chimiques de synthèse,…) et toute entreprise d’appropriation mercantile du vivant (sans OGM, …),
  • favorisant la biodiversité végétale et animale,
  • contribuant au maintien et au développement des semences paysannes.

PRINCIPE 3

UNE ALIMENTATION DE QUALITÉ ET ACCESSIBLE

Une AMAP coproduit une alimentation de bonne qualité gustative, sanitaire et environnementale.
Elle cherche à rendre cohérent son soutien à l’agriculture avec la dynamique d’un territoire et les besoins d’une population.
C’est pourquoi chaque AMAP cherche à élargir l’accessibilité d’une telle alimentation à toutes et à tous.

PRINCIPE 4

UNE PARTICIPATION ACTIVE DANS UNE DÉMARCHE D’ÉDUCATION POPULAIRE

Une AMAP vise à créer les conditions de la participation et de l’appropriation citoyenne des enjeux agricoles et alimentaires, notamment par le débat, les apprentissages et le partage des savoirs. Elle :

  • s’organise sur la base d’une implication de l’ensemble de ses membres,
  • veille à sa pérennisation et à la circulation de l’information,
  • cherche à créer une relation de qualité entre paysan-ne-s et amapien-ne-s dans un cadre convivial favorisant le dialogue, le lien social, la confiance et la coresponsabilité.

PRINCIPE 5

UNE RELATION SOLIDAIRE CONTRACTUALISÉE SANS INTERMÉDIAIRE

Amapien-ne-s et paysan-ne-s en AMAP s’engagent mutuellement sans intermédiaire à partager la production pour une période donnée, par le biais de contrats solidaires (la durée de la période de contrat est liée aux cycles de l’activité de la ferme et dépend de chaque famille d’aliments contractualisée).

Ce partenariat favorise la transparence entre amapien-ne-s et paysan-ne-s. Pour chaque famille d’aliments, le contrat :

  • stipule les engagements réciproques des deux parties tels que définis dans la charte,
  • établit un prix juste et rémunérateur prenant en compte la viabilité économique de la ferme et les conditions sociales de celles et ceux qui y travaillent.

TROIS ENGAGEMENTS TRADUISENT CES PRINCIPES

UN ENGAGEMENT ÉCONOMIQUE

  1. Pour les paysan-ne-s en AMAP :
  • livrer à périodicité préétablie des aliments de saison, frais ou transformés, diversifiés et issus de leur ferme. Les produits transformés feront l’objet de mentions spécifiques (processus de fabrication transparent et tracé, …) incluses dans le contrat,
  • mettre en œuvre les moyens nécessaires visant à assurer la livraison régulière des parts de production définies par contrat,
  • déterminer en toute transparence avec les amapien-ne-s un prix forfaitaire stable, garanti et équitable sur la durée du contrat.Une solidarité entre paysan-ne-s peut permettre l’échange occasionnel d’aliments de même nature en toute transparence et avec l’accord explicite des amapien-ne2. Pour les amapien-ne-s :
  • contractualiser et prépayer la production sur la période du contrat à un prix équitable, en s’interdisant l’échange marchand sur les lieux de livraison,
  • prendre en compte équitablement avec les paysan-ne-s les fluctuations et aléas inhérents à leur activité.

UN ENGAGEMENT ÉTHIQUE

1- Pour les paysan-ne-s en AMAP :

  • mener leur activité et la faire évoluer dans le respect des principes de la charte des AMAP, en coopération avec les amapien-ne-s
  • être transparent-e-s sur les pratiques de culture, d’élevage et de transformation.2 Pour les amapien-ne-s :
  • assurer la pérennisation de l’AMAP,
  • faire évoluer leurs pratiques dans le respect des principes de la charte.

UN ENGAGEMENT SOCIAL

1- Pour les paysan-ne-s en AMAP :

  • être présent-e-s sur le lieu de livraison (ou occasionnellement représenté-e-s),
  • créer et entretenir des liens avec les amapien-ne-s,
  • sensibiliser les amapien-ne-s à leur métier et à la vie de la ferme,
  • participer à l’organisation de visites de ferme et d’ateliers pédagogiques,
  • s’impliquer dans la vie du mouvement des AMAP et de ses partenaires.2- Pour les amapien-ne-s :
  • s’impliquer dans la vie de l’AMAP (livraison, communication, animation, relation paysan-ne-s, continuité des partenariats, réseau,…),
  • respecter les modes de fonctionnement de l’AMAP,
  • participer aux visites de ferme et à leur organisation,
  • participer à des activités pédagogiques et de soutien aux paysan-ne-s,
  • être partie prenante de la vie du mouvement des AMAP et de ses partenaires.

UN MOUVEMENT VIVANT EN ÉVOLUTION CONSTANTE

UNE AMÉLIORATION CONTINUE DES PRATIQUES

Pour faire vivre les principes et engagements de la charte des AMAP, celle-ci doit être accompagnée d’actions visant à analyser et faire progresser collectivement les pratiques.

En ce sens, l’évaluation participative permet une démarche d’évolution partagée entre amapien-ne-s et paysan-ne-s en AMAP. Pour la réaliser, les AMAP définissent les moyens à mettre en œuvre avec l’appui des réseaux et associations partenaires.

UNE DYNAMIQUE DE TERRITOIRE ET DE RÉSEAU

Par ailleurs, parce que l’AMAP est plus qu’un « panier », elle s’inscrit dans une dynamique de territoire et contribue à créer une économie de proximité, solidaire et équitable.

Elle s’implique dans la vie du mouvement des AMAP pour la pérennisation, l’essaimage et la visibilité des AMAP ; elle participe ainsi à la création de nouvelles fermes fonctionnant en AMAP.

Le mouvement des AMAP invite à la dissémination positive de « l’esprit AMAP » dans tous les secteurs de l’économie sociale et solidaire ; il encourage la création d’autres partenariats locaux (artisanat, finance, culture, etc.).

La démarche d’expérimentation et de créativité reste au cœur de la charte pour inscrire les AMAP dans un mouvement citoyen, vivant et transformateur.

La présente charte doit être signée par chaque amapien-ne et paysan-ne en AMAP.

Plus d’infos sur la Charte : http://miramap.org/LA-CHARTE-DES-AMAP-2014.html

🥬 Paniers de légumes bio, locaux et solidaires avec 2 jeunes qui s’installent.

Mélanie Ligouis et Fabien Cloud,

Ferme La bêche à Mel (45)

Des légumes récoltés à maturité, le jour même ou la veille, non réfrigérés, non emballés, livrés sans intermédiaire

 

Issue d’une famille d’agriculteurs (ses grands parents, ses oncles et son père), Mélanie a grandi dans la ferme familiale à Sougy au nord du Loiret. À 19 ans, elle part vivre à Paris pour ses études puis travailler une quinzaine d’années dans un laboratoire privé de recherche sur les allergies alimentaires. 

Son conjoint Fabien et elle décident un jour de prendre une année sabbatique pour prendre du recul. Elle ne se retrouve plus dans les valeurs de son entreprise: toujours la même chose, travailler pour faire des profits pour les actionnaires. Ils se questionnent sur leur mode de vie, l’évolution de notre civilisation, le réchauffement climatique. Ils s’intéressent à l’écologie, la permaculture, Incroyables comestibles et l’agriculture urbaine.

Ils prennent alors la décision de changer de vie et de reprendre à terme la ferme familiale. A l’aide du compte Congé individuel de formation, elle prépare un BPREA (Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole) qu’elle obtient en juin 2019. Elle suit un Stage Paysan Créatif avec l’ADEAR (Association pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural) du Loiret pour continuer sa formation pendant un an: six sessions dans différentes fermes pour échanger et construire son projet. Elle ne souhaite pas passer ses journées sur des gros tracteurs, alors elle choisit le maraîchage pour être plus près des plantes et de la vie. Son père met à sa disposition 1,2 hectare pour commencer son installation et quand arrive la Covid-19 et le confinement, elle reste sur la ferme où elle est prise comme stagiaire.

Culture sous serre

En janvier 2020, avec la famille et des amis, Mélanie et Fabien plantent 300 arbres de 20 espèces différentes pour faire une haie au milieu de cette immensité plane qu’est la plaine de Beauce: retenir l’eau, améliorer les sols, accueillir la biodiversité, abriter les prédateurs des insectes qui mangent les cultures bio, mettre du relief dans le paysage, récolter les fruits, abriter ses cultures des traitements toxiques des cultures conventionnelles voisines. En mars elle a commencé à planter des légumes dans 500 m2 de serres et sur 2000 m2 de plein champ.

Elle crée son entreprise, La Bêche à Mel, et vend ses premiers légumes en conversion bio mi-mai sur un marché local et dans un magasin à la ferme aux habitants des alentours contents d’avoir du « frais, bio et local ». Mélanie et Fabien construisent une chambre froide écologique dans une immense grange avec l’aide d’un ami menuisier.

Fabien a maintenant obtenu le BPREA et reprendra les terres en grandes cultures de son beau-père fin 2024 quand celui-ci partira à la retraite, avec la volonté de convertir également cette partie en agriculture biologique. 

Leurs projets : doubler la surface de serres et planter sur la totalité des 1,2 ha.

Notre AMAP est très fière de soutenir le projet de deux jeunes qui s’installent et s’engagent à produire une nourriture saine et durable.

Exemples de parts de récolte de Mélanie, distribuées entre août et novembre 2021 à l’AMAP Elément Terre

L’atelier à la ferme du samedi 25 juin 2022

Tomates, tomates, tomates, …

La star de l’été, c’est bien sûr la tomate !

Les tomates se divisent en 2 catégories : les tomates classiques dites rondes et les tomates populations dites de variétés anciennes. 

Nous cultivons les 2 catégories pour satisfaire les envies de chacun d’entre vous 🙂

Les tomates rondes (variétés Paola et Estiva) sont des hybrides F1. C’est à dire qu’on a sélectionné les “parents” pour leur qualité gustative, de précocité et également pour leur résistance aux maladies. Ces qualités ne se transmettent pas aux générations suivantes.

Une tomate ancienne a été obtenue, comme son nom l’indique, il y a plusieurs dizaines d’années minimum, voire plus d’un siècle pour certaines d’entre elles (Cœur de Bœuf, Poire jaune, Andine Cornue, Noire de Crimée, etc.). Il y en a de toutes les formes et de toutes les couleurs. Elles sont reproductibles.

Les plants de tomates rondes ont un meilleur rendement que les tomates anciennes. Ils demandent moins de temps à tailler. Les plants sont résistants aux maladies et les tomates sont moins fragiles (risque d’éclatement, sensible au soleil, …) que les tomates anciennes donc il y a moins de pertes pour les ventes.

Nos variétés anciennes sont malheureusement touchées par un champignon : la cladosporiose. Nous avons coupé et évacué les feuilles malades mais il est toujours présent et affaiblit nos plants. Nous avons donc des tomates plus petites et des bouquets avec très peu de tomates. Il n’y a pas de traitement en bio. Nous espérons que la chaleur va faire disparaitre ce champignon.

Atelier du 25 juin 2022
Vague de chaleur
Les prévisions météo ne sont pas réjouissantes pour les prochains jours. Nous allons adapter nos horaires de travail en commençant très tôt le matin. Pour réduire la chaleur sous nos serres, nous allons les blanchir avec de l’argile et faire des aspersions de 5 min aux heures les plus chaudes. Nous espérons que cela n’impacte pas trop les récoltes et la qualité des légumes.
Bonne semaine et à bientôt,
Mélanie & Fabien 

Communiqués de nos partenaires autour de l’agriculture, de l’écologie

19/04/18 – Évaluation des pesticides : un nouveau rapport montre comment l’industrie édicte ses propres règles :

https://www.generations-futures.fr/actualites/evaluation-pesticides-rapport/

🐔 Les poulets et les oeufs

Cindy Béghin et Nathan Cochin

La Ferme de Beauce à Gouillons (28)

Cindy et Nathan ont créé la Ferme de Beauce en sortant du lycée agricole sur 4 hectares de terres cédées par le père de Nathan, céréalier en agriculture conventionnelle. Ils ont choisi de s’installer en agriculture biologique et de travailler dans le respect de la condition animale.

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Les poulaillers des poulets de chair sont répartis en huit enclos. Au milieu de chacun une cabane en bois abrite les nids, les mangeoires, abreuvoirs et perchoirs. Un enclos reste vide, par rotation, pour permettre le «vide sanitaire» annuel : le nettoyage de chaque poulailler.

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Un hangar en bois construit par Cindy et Nathan contient les réserves, les couveuses, la tuerie, un abri pour le matériel et leur maison.

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Le hangar en cours de construction en 2017

Un deuxième hangar a été construit en 2019 pour abriter leurs 2000 poules pondeuses.

La ferme a évolué pour leur permettre de se dégager un revenu décent et pour répondre aux demandes locales grandissantes. Ils approvisionnent maintenant, en plus de leurs cinq AMAP locales et parisiennes, des hôtels, restaurants, boulangeries, un magasin de producteurs à Paris et un magasin local.

Nous savons d’où viennent nos œufs et nos poulets, la façon dont ils vivent et comment ils sont nourris. Notre AMAP accompagne le couple depuis son installation et nous sommes fiers de les soutenir et de les voir évoluer.

Les animaux sont nourris avec les céréales bio achetées près de chez eux, à La Ferme biologique de la Basse cour. Des arbres fruitiers bio ont été plantés dès le début pour améliorer le sol beauceron de la ferme et procurer de l’ombre aux animaux.

Choix de l’autonomie de la ferme et bonnes pratiques

A terme, les aviculteurs vont produire eux-mêmes la nourriture des poules en produisant des céréales bio. Ils abattent eux-mêmes leurs poulets qu’ils gardent 110-120 jours, la norme bio étant de minimum 81 jours.

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L’organisme certificateur Certipaq bio, atteste chaque année que le cahier des charges en agriculture biologique est respecté.

Certification bio par Certipaq

Pour connaître un peu mieux Cindy et Nathan de La Ferme de Beauce, leur interview réalisée le 20/01/2021

Quel a été le déclic qui vous a poussés à vous installer à Gouillons et à créer la Ferme de Beauce ?
Gouillons, parce que c’est là que l’on habitait, la famille est proche et c’est un environnement que l’on connaît bien. Le monde agricole, c’est un milieu que l’on connaît, car le père de Nathan exploite des terres sur Gouillons. Au départ, nous faisions de l’élevage de cailles pour nous faire plaisir. Puis, à force d’en donner aux amis, nous avons eu de plus en plus de volailles (y compris poulets, poules) et nous avons
décidé d’en faire notre métier. Nous nous sommes installés en 2016 après deux ans de travaux sur un terrain de 4 hectares appartenant au père de Nathan. Ces années de travaux ont permis de construire les bâtiments nécessaires pour assurer la production : des hangars, des silos pour stocker la nourriture, des poulaillers en kits, un laboratoire pour la transformation de la viande…

Combien d’AMAP livrez-vous aujourd’hui ?
Nous avons débuté dans le circuit AMAP grâce à Evelyne Boulogne (de l’AMAP Elément Terre) et l’AMAP Blomet Grand Près. Puis, petit à petit, nous nous sommes mis à grandir. Aujourd’hui, nous livrons 7 AMAPs sur Paris tous les mardis, ainsi que divers lieux de vente, avec lesquels nous avons pu établir des accords (fromagerie, laiterie, magasins de producteurs…). Nous avons également une boutique pour faire de la vente directe. Nous avons également agrandi le magasin, pour passer de 15m² à 50m².

Combien de volailles avez-vous aujourd’hui ?
Au départ, nous avions un bâtiment de 250 poules pondeuses. Aujourd’hui, nous avons un bâtiment pouvant accueillir 2500 poules pondeuses. Nous recevons tous les mois 800 poussins, qui ont entre un et deux jours. Nous les gardons en élevage pendant 3 à 4 mois.

Comment les nourrissez-vous ?
Les poules et les poulets sont nourris avec des céréales bios. C’est nous qui réalisons le mélange des céréales, par broyeur de 400kgs ! La nourriture est issue des fermes voisines qui produisent des céréales bio. Les poules sont nourries grâce à des distributeurs automatiques. Les poulets, eux, sont nourris manuellement. La nourriture est adaptée en fonction de l’âge des volailles, de façon à s’adapter aux besoins
des poussins et des poulets.

Comment se déroule une semaine type ?
Chaque jour, il faut assurer la distribution de l’alimentation des animaux et la récolte des œufs (cela prend 2h par jour). Deux demi-journées sont réservées pour l’abattage des animaux. La transformation de la viande, dans notre laboratoire, prend également beaucoup de temps. Avec tout ça il faut également préparer les commandes, livrer le mardi, tenir le magasin… on ne s’ennuie pas.

Avez-vous du temps pour vous ?
On essaye de lever un peu le pied le week-end… nous n’avons presque pas pris de vacances depuis notre lancement, il y a quatre ans. Mais c’est notre passion ! On ne regrette pas du tout, on savait dans quoi on se lançait et on connaissait l’investissement nécessaire. On est contents d’en être là mais on n’a pas rigolé tous les jours.

Comment avez-vous été impacté par le COVID et le premier confinement ?
Au début, il a fallu s’adapter, bien évidemment. Puis, suite à la pénurie globale en œufs, nous avons été dévalisés ! Cela nous a permis d’avoir une clientèle plus locale qui a été en grosse partie pérennisée. D’où l’agrandissement de notre magasin !

Vous arrivez à faire tout cela à deux ? Arrivez-vous à vous verser un salaire ?
Nous sommes tous les deux, mais nous sommes en ce moment aidés par le petit frère de Cindy. Nous ne sommes pas encore arrivés à nous verser un salaire du fait des gros investissements réalisés pour assurer tous les travaux. Néanmoins, nous espérons pouvoir commencer dès la fin 2021, et embaucher le frère de Cindy.

Quelles sont les prochaines étapes ? Pensez-vous refaire des cailles un jour ?
Et bien, nous avons déjà refait des cailles cet hiver ! Nous comptons en faire pour les périodes de fêtes (entre octobre et décembre). Les cailles sont plus compliquées à gérer que les poulets, car ce sont des animaux plus fragiles : il semble difficile d’envisager d’en faire toute l’année. En tout cas, nous sommes sur une bonne lancée.

Pour une agriculture paysanne et citoyenne

Le réseau AMAP Ile-de-France, pour favoriser l’appropriation des enjeux agricoles et alimentaires par tous les amapien·ne·s organise avec Terre de liens des formations gratuites pour tous les adhérents. Voici le résumé de l’une d’elles.

Agriculture conventionnelle, biologique, paysanne, comment s’y retrouver ?

par Jacques Caplat, agronome

L’agriculture conventionnelle

L’agriculture conventionnelle est un modèle, actuellement dominant, qui fait «convention ». Il est né dans les plaines du Moyen-Orient il y a 4000 ans et s’est adapté dans les vastes plaines d’Europe et d’Amérique du nord, au climat tempéré assez régulier. Il se caractérise par une  » culture pure  »  ( sans association ) de variétés standardisées dans un grand espace qui se prête assez bien à la culture intensive des céréales et à la mécanisation. C’est après la Seconde Guerre Mondiale qu’une super-structure agro-industrio-chimique, voulue par les industriels et les gouvernements pour nourrir l’Europe dévastée, s’est mise en place en Europe : les variétés sont sélectionnées en laboratoire sur le critère de leur rendement ( et non des autres critères : qualité, adaptation au climat, besoin en eau, résistance aux maladies …) et inscrites dans un catalogue officiel garantissant les qualités vantées … et les profits des semenciers industriels. Ces variétés ne sont rentables que plantées dans des sols qui ressemblent à ceux des laboratoires : il faut donc adapter le sol aux plantes avec des engrais spécifiques, arroser abondamment et comme les plantes sont fragiles, il faut les protéger avec des pesticides contre les insectes, les micro-champignons et les bactéries qui se trouvent naturellement dans les champs et les bois.

Et les humains dans tout ça ? Les paysans sont devenus des « exploitants agricoles » des sous-traitants de l’industrie agro-alimentaire, premières victimes, parfois consentantes de ce système. Ils sont dépendants d’un système bancaire qui les pousse à s’endetter et des subventions européennes, soumis aux aléas des spéculations mondiales sur les produits agricoles, enfermés dans un mode de production qu’on leur présente comme  » sans alternative », souvent victimes des pesticides qu’ils utilisent. Les consommateurs ont des choix alimentaires limités par les grandes multinationales agro-alimentaires et la grande distribution, ils subissent la pollution de l’air et des eaux, payent les « réparations » ( dénitrification des eaux souterraines, soins des malades…).

Les limites de l’agriculture conventionnelle sont passées sous silence: elle est en échec dans ses applications dans les milieux instables, non tempérés, aux sols fragiles, donc dans les trois quarts de la planète; elle est responsable de 11 à 15% du total des émissions des gaz à effet de serre produits dans le monde (de 44 % à 57% pour le système alimentaire industriel); elle est responsable de la destruction des sols et de la perte d’autonomie du monde paysan menant aux tragédies que l’on connait (suicide des paysans en Inde, en Europe…)

Ce modèle agricole conventionnel est désormais dans l’impasse, il est obsolète et dangereux pour les équilibres humains et écologiques. Le contexte a changé avec le réchauffement climatique, les modifications sociales, économiques et scientifiques de ces dernières décennies. Les crises sanitaires se multiplient.

Il est temps de changer d’agriculture !

L’agriculture biologique

 

L’agriculture biologique a des pères fondateurs qui ont posé les bases d’un mouvement et mené des expérimentations locales: Steiner (1924), Pfeiffer (1938), Howard, Hans et Maria Müller, Fufuoka, Mollison et Homgren … Vers 1972, des paysans et des usagers se regroupent et rédigent le premier cahier des charges qui aboutira à la création en France de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB). Plusieurs marques et labels plus ou moins exigeants apparaissent. En 2007, une charte et un logo européen sont créés, moins précis, par exemple, que le label Demeter de l’agriculture biodynamique, le plus exigeant.

La démarche systémique de l’agriculture biologique est moderne, savante et diversifiée. Il s’agit de constituer un « organisme agricole » reliant l’écosystème (sol, arbres, murets, mares, haies …) à l’agrosystème (plantes et animaux mis en place par le paysan) et à la société humaine alentour.

Quelques principes de base :

  • le sol est un milieu vivant dont il faut prendre soin, il vaut mieux travailler avec lui que contre lui (compost, labour de surface, vie bactérienne…). Le renouvellement de la fertilité du sol par l’apport d’azote, de phosphore et de potassium est effectué par les plantes
  • la photosynthèse permet aux plantes de grandir, il faut donc l’optimiser en ne laissant aucune surface de sol nu entre les rangs plantés
  • les cultures associées sont la clé du rendement ainsi que la complémentarité culture-élevage
  • la protection sanitaire mutuelle des cultures et le respect des animaux auxiliaires, la valorisation des arbres
  • une gestion responsable des ressources non renouvelables : un sol vivant abrite une mycorhize, véritable réseau qui pompe l’eau profonde et absorbe les minéraux de la roche-mère et les font remonter
  • l’utilisation de semences paysannes et des variétés adaptées au milieu et évolutives. De plus, elle valorise la main-d’œuvre et reconnait les savoirs paysans, permet de renouer les liens avec la société et rend aux paysans la maitrise de l’économie agricole.

L’agriculture biologique est-elle performante pour nourrir l’humanité ?

OUI. Croire  que seule l’agriculture conventionnelle peut nourrir la planète est un mythe dangereux basé sur des erreurs agronomiques, des idées reçues, une inertie économique favorable aux multinationales … et les intérêts financiers de certains (que dire quand les présidents de la FNSEA, principal syndicat agricole, sont aussi présidents du conseil d’administration du groupe agro-chimico-industriel international AVRIL !!!)
Des agronomes et de nombreuses études ont démontré que l’agriculture biologique peut nourrir sans difficulté 9 à 12 milliards d’humains sans qu’il soit nécessaire de défricher un seul hectare supplémentaire. Une autre agriculture est possible et souhaitable.

 

Tout n’est pas parfait dans l’agriculture biologique.
Le bio intensif en monoculture, le bio qui vient de loin voire du bout de la planète, le bio qui pousse sous serre chauffée, le pseudo bio hors-sol ou sur substrat, les produits récoltés avant leur maturité ne respectent pas les bases agronomiques de l’agriculture biologique et/ou ne sont pas écologiques (coût écologique du transport et de l’énergie dépensée).
Et l’agriculture raisonnée dans tout ça ?
Supercherie ! Le principe est de moins polluer pour polluer plus longtemps. Le système engrais/semences ou plantes fragiles/pesticide n’est pas remis en question.
Plus d’info sur le site de la FNAB: http://www.fnab.org

L’agriculture paysanne

Suffit-il de produire et de manger bio pour être quitte avec la qualité de vie des paysans, dans des filières agricoles et commerciales verticales qui pressurent le travail des agriculteurs ? Suffit-il de supprimer la chimie dans les champs pour avoir une agriculture durable ?

 L’agriculture paysanne est une approche de l’agriculture développée par les paysan·ne·s de la Confédération paysanne et de la FADEAR pour permettre à des paysan·ne·s, nombreux, de vivre de leur métier de façon durable et de produire pour nourrir leurs concitoyens. L’agriculture paysanne s’organise autour de 6 thèmes interdépendants : l’autonomie, la répartition, le travail avec la nature, le développement local, la qualité, la transmissibilité.

FADEAR : Fédération des Associations pour l’Emploi Agricole et Rural

Développer l’AUTONOMIE des fermes, c’est :

  • rester maître des décisions à prendre sur sa ferme
  • limiter les achats en semences et en aliments pour les animaux, préférer les produire soi même et valoriser les ressources locales
  • limiter la dépendance aux énergies fossiles dont le prix ne fait que monter et qui pollue
  • maîtriser son endettement et sa dépendance aux aides

RÉPARTIR équitablement les volumes de production, c’est :

  • dégager un revenu suffisant sur une surface et des tailles d’ateliers raisonnables pour permettre à d’autres paysans de travailler
  • mieux valoriser ses produits
  • améliorer sa marge nette par unité produite en limitant la capitalisation, en réduisant ses intrants etc

Le travail avec la nature est essentiel, la NATURE est le principal capital des paysan·ne·s, il faut travailler avec elle et non contre elle :

  • maintenir la fertilité des sols sur le long terme
  • privilégier la biodiversité domestique et la mixité des productions
  • préserver les ressources naturelles et les partager de manière équitable

Le·la paysan·ne est un·e ACTEUR·TRICE LOCAL·E dynamique, il·elle doit :

  • entrer dans un réseau local de partage agricole
  • ouvrir sa ferme régulièrement au public
  • s’investir dans la vie citoyenne

Développer la QUALITÉ et le GOUT des productions agricoles, c’est :

  • produire de façon transparente pour le consommateur
  • respecter les cycles naturels et le bien-être animal
  • apprécier sa propre production pour mieux la vendre
  • choisir un label qui nous correspond

Permettre aux paysan·ne·s de TRANSMETTRE leurs fermes aux nouvelles générations, c’est :

  • limiter les agrandissements et les investissements qui seraient trop lourds pour que la ferme soit reprise
  • sécuriser son foncier
  • intégrer son temps de travail dans le coût de production pour assurer la viabilité de la ferme et ne pas décourager des volontés d’installation
  • rendre la ferme agréable à vivre et s’inscrire dans un réseau de solidarités.

Alors faites connaitre autour de vous le système des AMAP, des vraies AMAP qui respectent l’esprit de la Charte des AMAP.

Plus d’info sur le site des FADEAR: http://www.agriculturepaysanne.org

Les consommateurs mangeurs que nous sommes, par le choix de ce que nous mettons dans nos assiettes, nous avons un grand rôle à jouer, nous avons le pouvoir :

  • d’orienter l’agriculture vers l’agroécologie en favorisant les produits bio, en vente directe, locaux et de saison, les filières éthiques …
  • de généraliser ce modèle pour offrir à de nombreux jeunes ou moins jeunes la possibilité de s’installer en bio avec la garantie que leurs produits arrivent dans des assiettes locales à un juste prix

Nous, amapiens et amapiennes, devenons des consommateur·trice·s citoyen·ne·s ! Aidons à généraliser le système des AMAP, faisons connaitre autour de nous ses principes pour aider au développement de l’agriculture paysanne.

 Sources:
– Formation du Réseau AMAP Ile-de-France et Terres de lien, animée par Jacques Caplat, agronome.
Changeons d’agriculture – réussir la transition  de Jacques Caplat Edition Actes Sud.